La
Sagouine
Non chers étudiants, ce mot n’est ni en langue
autochtone ou en joual québécois, c’est le nom d’un personnage célèbre d’une
pièce de théâtre qui fait partie du patrimoine canadien. Je dis bien canadien,
car l’auteure de La Sagouine, Antonine Maillet, est d’origine acadienne, la
communauté francophone résidant dans les provinces maritimes du Canada. Cette
pièce de théâtre fête cette année ses 40 ans. Allons-y donc en deux
temps : premièrement, qu’est-ce que l’Acadie? et deuxièmement, qui est la Sagouine?
1. Les
Acadiens et l’Acadie
L’Acadie
n’est pas un pays imaginaire sorti tout droit de la tête de Gabriel Garcia
Marquez ! C’est une région du Canada qui comprend une partie de la province du Nouveau-Brunswick
ainsi que quelques portions du territoire de l’Île-du-Prince-Édouard, de la Nouvelle-Écosse
et de Terre-Neuve, toutes des provinces de
l’Atlantique. Au sens large, l'Acadie fait référence aux communautés de
définissant par une langue (française), une culture, des institutions et des
symboles propres. On peut dire que c’est une nation sans territoire. Son
histoire est bien sûr liée à la colonisation française, comme l’est le Québec,
mais ce qui arrivera durant la conquête britannique est bien différent de
l’histoire du Québec. Avant la bataille des plaines d’Abraham qui a marqué la
fin de la colonisation française au Canada, l’Acadie est conquise par les Britanniques
en 1713.Les Britanniques demandent alors aux habitants de ce territoire de
porter un serment d’allégeance au Roi d’Angleterre. Ils refusent. Un accord de
neutralité est alors négocié et accepté par le pouvoir britannique. Mais les
tensions augmentent dans la région (avec les batailles au Québec, le début de
la révolution américaine aux États-Unis) et les Britanniques forcent les
Acadiens à se soumettre à un serment d’allégeance, car ils ont peur que durant
la guerre, les Acadiens prennent les armes contre eux. Ils refusent encore, mais
acceptent finalement à contrecœur. Cela ne suffit pas à convaincre le
gouverneur britannique qui décide d’ordonner leur expulsion. C’est cette
période qu’on appelle « la déportation des Acadiens » entre 1755 et 1763. La population
acadienne totale était à l’époque d’environ 12 000 personnes et on estime que
10 000 personnes ont été expulsées. Les Britanniques saisissent les fermes, les
biens et le bétail des Acadiens pour être certains qu’ils ne reviendraient pas.
Ils sont alors dispersés dans d’autres colonies britanniques, dans les Caraïbes
ou même en France. Plusieurs d’entre eux se sont installés en Louisiane et ont
participé à la création de la culture « cajun ». Après la victoire de
la Grande-Bretagne au Canada, le gouvernement britannique permit à beaucoup
d’Acadiens de revenir à condition de prononcer le serment d’allégeance. Jusqu’à
3 000 sont éventuellement revenus, mais ils avaient perdu tout ce qu’ils
avaient.
Les Acadiens, maintenant réfugiés politiques, attendent de s'embarquer à bord des navires qui les amèneront loin de leurs foyers. (Tableau de Claude Picard) |
2. La
Sagouine, représentante de l’identité acadienne
Le personnage créé par Antonine Maillet en 1971 a
les traits d’une Acadie fière. C’est une blanchisseuse de métier, fille et
femme de pêcheur (la principale activité dans cette province, car situé près de
la mer) qui ne sait ni lire, ni écrire, mais qui a d’excellents talents de
conteuse. Dans un monologue, elle raconte donc les hauts et les bas de sa vie
dans son petit village acadien de Bouctouche. À travers ses monologues comiques
et sensibles, elle porte un regard lucide sur
les gens de son coin de pays.
Écoutez cette capsule de l’émission de radio Désautels à la première chaîne de Radio-Canada.
http://www.radio-canada.ca/util/postier/suggerer-go.asp?nID=1052693
Pour plus de détails : http://www.thecanadianencyclopedia.com/featured/fr/la-deportation-des-acadiens
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