lundi 4 octobre 2010

Les jurons au Québec (partie 1)

Vous avez sûrement remarqué la « couleur » du français québécois, sa particularité et sa vitalité. On peut dire qu’en plus de son accent particulier, le français parlé au Québec comporte une vaste liste de jurons, qu’on appelle aussi « sacres ». L’action d’utiliser des « sacres » est « sacrer » (la version québécoise de « blasphémer »). Exemple : Sa mère n’aime pas quand il sacre en parlant.

Le top 7 des sacres
Dans la liste des sacres québécois, nous retrouvons une variété intéressante, ayant tous un dénominateur commun : la religion chrétienne.
1. Christ
2. Calice (prononcé « câlisse »)
3. Tabernacle (prononcé « tabarnaque »)
5. Ostie
6. Ciboire
7. Calvaire

Les dérivés
Pour sembler plus respectueux (et paraître plus éduqués... et éviter de commettre un pêché...), on a tendance à utiliser des dérivés (ou approximations des mots « sacrés »). Les dérivés ne sont habituellement pas des mots qui existent dans le dictionnaire.
Christ = cristie, crousse, criffe
Calice = câline
Tabernacle = tabarnouche, tabarrouette, tabarslak
Ostie = ostique, estie, ‘sti
Ciboire = cibouleau, cibole
Calvaire = calvince, calvasse

L’art du sacre
Mais attention, l’art du sacre québécois est difficile à maîtriser. Il faut savoir qu’il existe une certaine hiérarchie dans l’intensité des sacres. Par exemple, une combinaison de sacres peut augmenter leur “valeur” ou modifier leur intention. Cependant, on n’utilise pas toujours les sacres avec une intention de blasphémer. Les sacres sont souvent utilisés comme adjectifs, adverbes ou dans des locutions.
Exemples :
Verbe : Il lui a crissé un coup de poing. (= Il lui a donné un coup de poing)
Adjectif : Il a une crisse de grosse grippe. (= Il a une très grosse grippe.)
Adverbe : C'est crissement dur! (= C’est très dur.)
Locution verbale : Il a été tabarnak pendant toute la journée. (= Il a été fâché/de mauvaise humeur toute la journée.)
Nom : C’est un petit crisse, celui-là. (= C’est un jeune détestable.)

Quand sacrer?
Réponse : en théorie, jamais. Dans un contexte formel, il n’est pas bien vu d’utiliser le sacre, ni aucun de ses dérivés. Dans un contexte plus familier, l’usage du sacre peut s’utiliser dans une version modérée, soit peu souvent! Toutefois, il faut être conscient qu’au Québec, on fait souvent une association entre éducation et sacres. Ce n’est pas très “éduqué” ou poli de sacrer, mais quoi qu’en dise, c’est assez commun.

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